Société

Les grands oubliés de la crise sanitaire

Selon les derniers chiffres officiels avancés par le Haut commissariat au plan, les sans domicile fixe seraient plus de 150 000 au Maroc. Et encore, ces chiffres sont contestables car beaucoup de ces gens n’ont pas de papiers d’identité et sont donc impossibles à recenser. Alors que le pays a déclaré l’état d’urgence sanitaire et encouragé ses citoyens à l’isolement volontaire et au confinement, les plus vulnérables, les migrants et les sans-abri n’ont d’autre choix que de rester dans la rue. 

L’association Jood, mouvement citoyen bénévole qui s’occupe principalement des populations en situation de précarité, a été obligée d’arrêter ses actions afin d’éviter et de limiter la propagation du virus. Hind Laidi, la présidente de l’association, a exprimé son inquiétude après avoir reçu de nombreux appels à l’aide, et pour l’instant, aucune solution à l’horizon. 

Les sans-abri se retrouvent donc totalement exposés au virus, et sans les restaurants et les cafés ouverts à proximité, ils ont faim, soif, car même l’eau devient une denrée rare pour eux. 

Avec le peu de personnes qui se baladent dans les rues, il est aussi devenu rare de pouvoir récolter quelques dirhams à la fin de la journée. 

Petite lueur d’espoir : les initiatives citoyennes, les organisations de la société civile et l’entraide nationale en partenariat avec les autorités locales mènent des opérations pour apporter des solutions. À titre d’exemple concret,  l’entraide nationale a équipé des centres pour accueillir ces personnes en situation de précarité, où elles recevront également des denrées alimentaires. 

En effet, vers le 25 mars, le gouvernement – plus particulièrement le Ministère de la Solidarité et du Développement social – a annoncé cette initiative afin de pouvoir héberger les sans domicile fixe et les protéger pour limiter les risques de propagation du Covid-19

L’association Jood, privée de son action sur le terrain, a mis en place un lien sur Google Maps pour pouvoir géo-localiser les sans-abris dans plusieurs grandes villes marocaines, et demande aux citoyens d’aider les personnes à proximité d’eux en distribuant de l’eau, de la nourriture, des couvertures…

À Laâyoune, des dizaines de SDF ont été placés dans un centre d’hébergement, ont ils ont pu bénéficier de nourriture, de vêtements, ainsi que d’examens médicaux. 

Habitat Lkhir, en collaboration avec la préfecture d’Inzegane Aït Melloul et les autorités locales, a également volé au secours de ces personnes, et une salle a été aménagée pour pouvoir les accueillir : tous reçoivent des soins médicaux et mangent à leur faim. 

Pour le cas des migrants d’Afrique subsaharienne et également sans-abri, de nombreuses associations de la société civile ont lancé des initiatives afin de venir en aide au maximum à ces personnes. À Casablanca, Agadir et Tiznit, des couvertures, de l’eau, du savon et des gels hydroalcooliques ont été distribués. Ces associations ont également lancé une campagne pour exiger que l’on trouve un refuge pour ces migrants, qui vivent dans la panique et dans l’angoisse face aux informations sur la propagation de ce virus. 

Aux dernières nouvelles, près de 3000 sans-abris ont été accueillis dans des centres sociaux ou sportifs, et plus de 150 personnes qui erraient dans les rues ont été remises à leur famille. 

Des chiffres encore trop peu élevés lorsqu’on pense au nombre total de sans-abri…

Les initiatives citoyennes ou les associations tentent d’apporter leur aide au maximum, mais il y a encore beaucoup à faire, et trop à faire si les mesures  prises par le gouvernement ne sont pas appliquées de manière effective. À notre petit niveau, nous pouvons aider, et l’Etat, à son niveau, a le devoir d’aider ses personnes. Car comme l’a si bien dit Pearl S. Buck « on reconnaît  une grande civilisation aux soins qu’elle porte aux nécessiteux ».