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Le Maroc, catalyseur de l’Afrique ?

Au cours du siècle passé, les relations maroco-africaines ont connu de nombreuses phases différentes et des évolutions tant sur le plan diplomatique qu’économique. Aujourd’hui la politique étrangère du Royaume encourage les rapports Sud-Afrique, qui sont d’ailleurs mentionnés dans le préambule de la Constitution de 2011. Sous l’égide de Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères depuis 2017, de nombreux partenariats associés au développement économique et humain du continent ont vu le jour. Acteur des dynamiques continentales, le Maroc s’affirme comme un potentiel catalyseur pour le continent.

Évolution des rapports entre le Maroc et les pays africains

Rétrospectivement, la place de l’Afrique dans l’histoire du Maroc depuis l’indépendance en 1956 peut se résumer en trois étapes. La première s’est déroulée sous le règne du regretté monarque Mohammed V et dans le cadre de la lutte contre le colonialisme symbolisée par l’internationalisme de Bandung. Un événement historique initié en 1955 par cinq pays, l’Inde, le Sri Lanka (anciennement Ceylan), le Pakistan, la Birmanie et l’Indonésie, puis étendu à d’autres régions du monde pour combattre l’impérialisme occidental et soutenir l’indépendance des Etats occupés. 

Cependant, sous le règne du défunt Hassan II les relations entre Maroc et les pays du continent se tendent, exacerbées par plusieurs conflits armés : la guerre dite des sables (1963) oppose le Maroc à l’Algérie, puis la guerre entre la Mauritanie et le Maroc (1975-1979). En parallèle, le Maroc va progressivement se rapprocher du bloc occidental et s’éloigner de certains pays africains liés au bloc soviétique tels l’Angola, le Bénin et en particulier l’Algérie.

Au 21ème siècle, le règne de sa Majesté Mohammed VI marque un tournant majeur avec le retour du Maroc en 2017 au sein de l’UA (Union Africaine) après 33 années d’absence. Un succès diplomatique qui reflètent des relations plus chaleureuses et se traduit par : des initiatives économique, des partenariats stratégiques, des projets en matière d’infrastructure, de logement, d’énergie, de durabilité… Autant de signes que le Maroc reprend sa place en Afrique.

Diplomatie marocaine au 21ème siècle 

L’engagement diplomatique du Maroc est incarné par un bilan impressionnant de 52 visites royales à travers 29 pays du continent. Le statut de Sa Majesté le Roi, commandeur des croyants, amène le Maroc à jouer un rôle spirituel en Afrique de l’ouest comme l’illustre le financement par la Fondation Mohammed VI de la grande mosquée éponyme à Abidjan. La vision royale se traduit également par de nombreuses initiatives de solidarité et d’entraide : pendant la pandémie du Covid-19, le Maroc a soutenu 15 pays africains en offrant des médicaments et des équipements médicaux. 

Une solidarité qui ne se limite pas aux périodes de crise. En effet, à travers l’exportateur de phosphates OCP le Maroc fait des dons d’engrais à plusieurs pays africains dont le Gabon. En 2022, pour aider ses partenaires à combattre la flambée des prix sur le marché des engrais, le même groupe avait distribué 180 000 tonnes à titre d’aide et vendu 370 000 tonnes à prix réduit. La politique étrangère du Maroc se démarque par sa volonté d’instaurer des relations basées sur le respect mutuel, comme le montre le millier d’accords signés depuis 1999 selon AMCI. Sur le volet humain, l’approche sur la migration humaine du Royaume a permis la régularisation de près de 50 000 personnes d’origine subsahariennes à partir de 2014, un élément supplémentaire en faveur de la réputation du Maroc. 

Toutes ces données mettent en lumière les efforts du Maroc, entre combinaison de symboles et de mesures concrètes, pour renforcer sa position au sein de l’Union Africaine.

Développement économique et perspectives  

Grâce à sa stratégie diplomatique et son soft-power , le Maroc se positionne dans des secteurs économiques importants, principalement en Afrique de l’Ouest. Bien que cet ancrage puisse sembler récent, il a été activement préparé depuis plusieurs décennies.   Au cours des années 2000, on assiste à une première vague d’investissements : dans le secteur bancaire via les groupes BMCE, Attijariwafa Bank et Banque Centrale Populaire, et dans le secteur de télécommunications à travers Maroc Telecom. À partir de 2010, les investissements se diversifient avec des entreprises telles que l’OCP, le groupe immobilier Addoha ou encore le laboratoire pharmaceutique Cooper Pharma.

Le pilier des relations Maroc-Afrique ? Le principe gagnant-gagnant. Le Gazoduc entre le Nigéria et le Royaume est un projet ambitieux sur une distance de 6000 kilomètres ; ce chantier devrait donner un souffle nouveau au dynamique de croissance dans l’ensemble de la région. Sur le continent, le Maroc se place comme second investisseur, précédé par l’Afrique du Sud. Le montant des investissements équivaut à près de 4 milliards de dollars pour la dernière décennie. Parmi les pays récipiendaires de ces investissements : l’Égypte (20%), la Côte d’Ivoire (19%) et la République du Mali (environ 15%). 
Le Maroc a su se positionner comme un leader régional puis continental tant au niveau économique que diplomatique. L’influence de son soft power semble s’étendre dans tous les domaines, des mosquées jusqu’aux terrains de foot. Le Royaume revendique son identité africaine et fait activement la promotion du made in Africa. La suite ? Poursuivre le développement commun avec ses partenaires continentaux , tout en élargissant son spectre d’influence régionale capitalisant sur la vision royale du Win-Win, afin de permettre à l’Afrique d’occuper la place qui lui revient dans l’économie mondiale.