Sport et bien-être

Qatar : les dessous sombre de la fête du football.

Alexandre Arkhurst

Hôtels de luxe, stades exceptionnels… la prochaine Coupe du Monde, qui se déroulera au
Qatar du 21 novembre au 18 décembre 2022, a tout pour faire rêver. Mais plusieurs
scandales font que ce rêve prend des allures de cauchemar. Entre suspicion de corruption,
conditions de travail désastreuses et lois liberticides, cette grande fête du sport n’a plus rien
d’idyllique.

Des conditions de travail déplorables et mortelles

Au Qatar, comme dans beaucoup d’autres pays du Golfe, on ne peut pas dire que le sort
des travailleurs soit respecté. Le système en vigueur, sur lequel reposait toute l’économie du
pays, a particulièrement fait scandale : « la Kafala », (nom de ce dispositif), est un principe
selon lequel les travailleurs, pour la majorité étrangers, sont placés sous la tutelle de leurs
employeurs. Concrètement, leurs patrons conservent leurs passeports, leurs imposent des
cadences de travail inhumaines ; ils sont également logés dans des conditions insalubres et
ont interdiction de quitter leur travail ou le pays sans l’aval de leurs employeurs. Une
enquête du media « the guardians » a attiré l’attention du public, en février 2022, sur le
chiffre alarmant de 6 500 décès d’ouvriers sur les différents chantiers de la compétition. Un
chiffre réfuté par le Qatar, qui estime le nombre de morts bien inférieur et que ces décès
sont naturels.

Une coupe du monde avec des règles polémiques

Des règles surprenantes, c’est une annonce qui ne cesse de faire jaser : des médias
britanniques ont récemment dévoilé les règles de vie qui seront mises en vigueur au Qatar
lors de cette Coupe du Monde. Les relations sexuelles hors mariages seront interdites.
Même chose pour les gestes de tendresse et d’affection en public. L’alcool, habituellement
interdit sur le territoire, sera autorisé pour les étrangers mais avec restriction. La tenue
vestimentaire des femmes sera aussi contrôlée. Ces dernières sont appelées à faire preuve
de « modestie », en ayant les épaules et les genoux couverts. Quant aux homosexuels, ils
ne sont clairement pas les bienvenus : le Code pénal qatari stipule que les relations
homosexuelles sont des infractions passibles de peines pouvant aller jusqu’à sept ans de
prison (voire à la peine de mort pour les musulmans). Il y a un mois, une enquête publiée
par des médias scandinaves dévoilait que les couples homosexuels étaient refusés par les
hôtels recommandés par la FIFA.
Cette Coupe du Monde est avant tout une histoire politique. Les protestations officielles
auraient dues être plus claires et sans appel, et ce dès l’annonce du lieu de compétition.

Cette Coupe du Monde au Qatar interroge l’essence même du sport : la base du sport étant
le respect de l’adversaire, peut-on pratiquer le sport dans un environnement que l’on juge
liberticide ? Veut-on vraiment faire honneur à un pays hôte comme le Qatar ? Une chose est
sûre : le monde du football, déjà affaibli par les scandales de corruption, ne risque pas de
sortir grandi de cette participation.