Politique

Projet de loi 22.20 : quand le gouvernement veut interdire le boycott de produits

Le projet de loi 22.20 présenté par le Ministre de la Justice Mohamed Benabdelkader a été approuvé par l’exécutif le 19 mars 2020 et adopté par le Conseil de gouvernement sous la présidence de Saâd Eddine El Otmani. Le texte prévoit de condamner les appels au boycott sur les réseaux sociaux et a provoqué la colère de nombreux internautes.

Ce projet de loi 22.20 a été approuvé par l’exécutif le 19 mars 2020 et il viendrait punir le boycott de produits à travers l’utilisation des réseaux sociaux et de diffusion. Les quelques articles de ce projet qui ont circulé (l’article 13, 14 et 18) prévoient des amendes et des peines d’emprisonnement lourdes. Les internautes marocains n’ont pas tardé à réagir violemment sur les réseaux sociaux, et le hashtag #ارفض_2220, « À bas la loi 2220 »,  est devenu une tendance, comme marque de protestation.

Alors que la crise sanitaire et l’état d’urgence prennent toute la place sur la scène médiatique, cette loi, en cours de finalisation, est sur le point de passer inaperçue. Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, avait pourtant jugé inacceptable que certains pays profitent de la pandémie pour adopter des lois liberticides ou qui réduiraient les droits des citoyens.

Ce projet de loi arrive plus d’un an  après le boycott lancé contre des marques comme la Centrale laitière, Sidi Ali et Afriquia, qui avait d’ailleurs fragilisé l’économie nationale et réduit les recettes fiscales de l’Etat.

Une telle loi serait la marque d’une véritable régression dans notre pays, et de nos libertés fondamentales. Sur les réseaux sociaux, les internautes se positionnent en partageant le texte suivant : « Car il est de notre droit, en tant que citoyens marocains, de boycotter un produit pour des raisons légitimes et qui nous sont propres. Il est de notre droit d’exprimer nos opinions sur des produits ou des marchandises sur les réseaux sociaux en toute liberté. Rappelons aussi qu’en tant que citoyens bénéficiant de tous nos droits reconnus par la Constitution, nous sommes libres de critiquer où de remettre en question les entreprises, les produits, ainsi que les politiques publiques. »

« La liberté d’expression est la base des droits de l’homme, la racine de la nature humaine et la mère de la vérité. Tuer la liberté d’expression revient à insulter les droits de l’homme, étouffer la nature humaine et supprimer la vérité. » Liu Xiaobo