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Une pause rare contre la pollution sonore

Le confinement provoqué par le COVID-19 pourrait devenir une expérience naturelle sans précédent de la pollution sonore. Certains des animaux les plus vocaux du monde – les oiseaux et les baleines – pourraient déjà bénéficier d’un environnement plus calme.

Alors qu’une baisse des transports pendant le confinement a entraîné la baisse des niveaux de pollution dans le monde, le ralentissement du trafic a également fait baisser un autre gros pollueur : le bruit. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution sonore affecte plus de 100 millions de personnes à travers l’Europe et, rien qu’en Europe occidentale, le trafic routier est responsable de décès prématurés équivalant à la perte d’environ « 1,6 million d’années de vie en bonne santé ».

Retirez la perturbation de la santé humaine de l’équation, et le bruit reste une grande source de pollution pour les autres habitants de la planète, à savoir les animaux.

Mais dans quelle mesure les animaux des pays fermés ont-ils vraiment profité de la baisse du niveau sonore? Il s’avère que c’est une question à laquelle il est très difficile de répondre.

Les oiseaux – de loin les animaux les plus visibles des villes, mais aussi les plus audibles – sont parmi les plus grands bénéficiaires des rues et des parcs plus calmes. Les signaux que les oiseaux s’envoient par le chant sont un moyen de survie. Sans la capacité de chanter, d’entendre et d’être entendu, les oiseaux auraient du mal à trouver un partenaire ou à défendre leur territoire contre les prédateurs.

L’augmentation rapide du bruit d’origine humaine – également connu sous le nom de bruit anthropique – a rendu ces tâches plus difficiles pour les oiseaux au cours du siècle dernier.

Tout comme les humains qui doivent parler haut et fort, les oiseaux aussi doivent chanter plus fort pour communiquer correctement dans le monde bruyant d’aujourd’hui, selon l’ornithologue Henrik Brumm, qui dirige le groupe de recherche sur la communication et le comportement social des oiseaux à l’Institut Max Planck d’ornithologie près de Munich. « Cela se produit très rapidement », a déclaré Brumm à DW. « Nous avons découvert qu’il faut environ 300 millisecondes, donc moins d’une seconde, pour que les oiseaux se réajustent lorsque le niveau de bruit augmente. Ainsi, lorsque leur environnement devient plus bruyant, ils chantent forcément plus fort. »

Sur terre ou en mer, le bruit est une mauvaise nouvelle pour les animaux. Les oiseaux ne sont pas les seuls animaux à bénéficier de cette période moins bruyante : selon une étude récente publiée dans la revue Biology Letters, la pollution sonore affecte un certain nombre de créatures allant des grenouilles aux crevettes en passant par les poissons, les mammifères, les moules et les serpents, les chats mais aussi les chiens.

Mouad Mekroum