Société

Les Marocaines : entre le marteau de la violence et l’enclume du confinement

Dimanche 7 avril 2020, L’ONU a passé un signal d’alarme, “Il faut protéger les femmes et les filles à la maison”, exhorté par Antonio Guterres, le premier secrétaire général de l’ONU, face à l’augmentation des violences domestiques depuis le début du confinement provoqué par la pandémie de Covid-19 par tout dans le monde.

En effet, le Maroc aussi et depuis l’établissement du confinement le 20 mars dernier, des milliers de femmes se sont retrouvées confinées auprès de leurs maris, des filles auprès de leurs pères, leurs frères…, les conflits entre époux et la violence ont augmenté de manière significative, à cause des pressions sociales, psychologiques et économiques, que leur impose le confinement.

Pour cela, des associations qui s’intéressent à la condition féminine, ont déployé leur effort pour venir en aide aux femmes battues, vu les statistiques alarmantes avancée par le Haut Commissariat au Plan : 13,4 millions de femmes âgées entre 15 et 74, plus de 7,6 millions de femmes ont été victimes de violence. Les violences conjugales représentent 56,11% de tous les cas de violence contre les femmes, selon l’enquête effectuée par HCP au cours de la période de février et juillet 2019. 

Au Maroc 17 000 cas de violence fondée sur le genre sont portés devant les tribunaux chaque année, sachant que 90% de femmes refusent de porter plainte contre leurs conjoints.

Mise de la technologie de l’information au service des femmes concernées

Mme Bouchra Abdou, présidente de l’association Tahadi pour l’Égalité et la Citoyenneté  à Casablanca, assure que les cas de violences ont augmenté en cette période de confinement, beaucoup d’entre elles ne peuvent pas avouer ce qu’elle subissent suite à de multiples raisons d’ordre sociale et économique. D’autre femmes  ne possèdent même pas de téléphones portables pour contacter les associations pour le soutien et les aider à s’en sortir.

De ce fait, l’association ATEC a lancé un programme de soutien auprès des femmes victimes de violence domestique par le biais du téléphone et réseaux sociaux, pour leur venir en aide. Elle a même créé une cellule de prospection constituée d’une assistante sociale, avocats, et des psychologues…, l’association en effet a reçu de nombreux appels de femmes battues qui ont subi toute sorte de violence : verbal,  physique et psychique…et qui ont pu bénéficier d’un grand soutien moral et matériel.

En l’absence de statistiques précises sur la situation au Maroc, l’union nationale  des femmes marocaines a mis en oeuvre une ligne téléphonique ouverte 24 heures sur 24 durant toute la semaine, en demandant les femmes victimes d’appeler le N° 8350, ou se rendre sur la plateforme “kolonamaak”, pour recevoir les plaintes et présenter les solutions adéquates à ce fléau social.

Pour soutenir cette cause, l’organisation MRA Mobilising for Rights associates a mis en ligne une page intituléeCoronavirus – ressources pour les femmes victimes de violences. Cette page fournit des renseignements et des coordonnées spécialement mises en disposition par des associations dans diverses régions à travers le Maroc, dans le but de soutenir les femmes victimes de violences dans cette période pandémique, et les orienter suivant leur cas. 

La violence basée sur le genre est l’un des défis les plus importants auxquels sont confrontés les gouvernements, malgré les mesures prises pour combattre ce phénomène social. Le rapport de la Banque Mondiale (publié en 2014) est choquant, environ 700 millions de femmes  sont victimes de violence conjugale à travers le monde, et les pays d’Asie du Sud, d’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient à la tête des états où vivent le grand nombre de femmes qui ont subi des violences physiques ou sexuelles au cours de leur vie.

Asmaa Izouaouen

Journaliste et rédactrice web, passionnée par les médias et intéressée par le journalisme de solutions et d'impact. Je consacre mon temps libre au bénévolat et rencontres interculturelles.