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Candidature conjointe avec l’Espagne et le Portugal pour organiser la coupe du monde 2030 : quels sont les atouts du Maroc ?

Par : Rabei Benkiran

C’est fait ! le Maroc a officiellement déposé sa candidature, conjointement avec l’Espagne et le Portugal, afin d’organiser l’édition de la coupe du monde 2030. La deuxième sous son nouveau format, avec la participation de pas moins de 48 équipes. Il s’agit là de sa sixième candidature en 35 ans et de sa première candidature accompagnée de ses deux anciens frères ennemis. C’est d’ailleurs la première du genre : un dossier permettant de relier les deux continents africain et européen, avec tout ce que cela implique symboliquement et économiquement. 

Chakib Benmoussa, ministre marocain des sports, a prononcé un message en marge de la remise du Prix de l’Excellence de la Confédération Africaine de Football (CAF) pour 2022 à Kigali, au Rwanda. Il a mis fin aux spéculations, et c’est également la preuve ultime de la confiance des deux pays hispanique et lusitanien envers le royaume chérifien.

Ce prestigieux prix a d’ailleurs été décerné au souverain marocain. Si nos voisins ibériques sont connus pour leurs stades grandioses, et ont déjà abrité pléthore de compétitions internationales, le Maroc n’est pas en reste et a commencé depuis un certain temps à se préparer à un schéma de réussite.

Stade Ibn Battouta de Tanger

En effet, depuis 2010 et jusqu’à aujourd’hui, trois grands stades ont vu le jour, ceux de Marrakech, Tanger et Agadir (respectivement 45240 places, 65000 places et 45480 places), le stade d’honneur Mohammed 5 de Casablanca ainsi que le stade Moulay Abdellah ont été mis à niveau.

Le complexe sportif de Fès de 45000 places, a vu le jour en 2007 et a été remis à niveau en 2018. Reste à savoir si le projet de grand stade de Casablanca situé dans la commune de Mansouria, à 38 km de Casablanca et à 18 km de Mohammedia, émergera assez vite. Ce projet est même devenu une priorité nationale avec le potentiel accueil de la CAN en 2025.

Quant aux compétitions internationales de football abritées récemment par le Maroc, elles sont nombreuses et donnent de la certitude quant à une capacité du pays à accueillir un plus grand événement encore. En effet, récemment et pour ne citer que cette compétition, la coupe du monde des clubs 2022 a eu lieu en février 2023 dans les enceintes de Rabat et Tanger, sites homologués par la Fifa et aptes pour des grands matchs de football internationaux. Les éditions 2013 et 2014 avaient également eu lieu dans le pays.

Les infrastructures parasportives : autre nouveau point fort de la candidature marocaine

Un des chantiers phares et qui a été bouclé récemment par la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) est celui du Complexe Mohammed VI de football, un complexe parasportif situé dans la forêt de Maâmoura, dans la banlieue de Salé. Ce site dédié à l’utilisation des professionnels de football marocains et étrangers, comporte 400 lits, 4 terrains de football en gazon naturel, 3 terrains en gazon synthétique, un terrain couvert, un autre hybride, une salle de futsal, une piscine olympique en plein air, 2 courts de de tennis et un terrain de beach soccer. La disponibilité de ces installations pourrait constituer un atout élémentaire pour la cohérence de la partie marocaine de la candidature à l’organisation de la coupe du monde. Ici, les équipes nationales qui viendront au Maroc pourront effectuer leur entraînement, opérer leur récupération physique, ou encore soigner leurs joueurs.

Complexe Mohammed VI de football

D’autres installations situées dans la forêt de la Maâmoura, sont celles de l’ASFAR, le club des forces armées de Rabat, d’une superficie de 40 hectares et aussi dotées de terrains de football et d’une salle de sport. Elles pourront probablement accueillir au même titre les entraînements des différentes équipes nationales. Ces écrins sont des exemples probants de la capacité du pays à accueillir les entraînements des différentes équipes qui entreront en compétition.

En plus de ses installations sportives impressionnantes, le Maroc dispose d’un réseau hôtelier et de destinations touristiques dense et à couper le souffle, d’un climat avenant, d’une culture spécifique et d’une position géographique stratégique.

Faisons ici l’état des lieux des villes qui pourraient potentiellement accueillir les fans des équipes participantes à cette coupe du monde :

Marrakech, « la cité ocre », avec sa place Jemaa-el-Ifna sortie tout droit d’un conte des mille et une nuits, son jardin Majorelle luxuriant et son majestueux palais Bahia, pourrait être une ville d’accueil d’envergure. Tanger, « la perle du Détroit », à quelques kilomètres à peine de l’Espagne et de l’Europe, ses restaurants de poissons et sa belle médina n’est pas non plus à court d’arguments. Rabat, « ville lumière » capitale de la culture, abritant le musée Mohammed VI d’arts modernes et contemporains, le café maure du jardin des Oudayas, le musée national de la parure, le Chellah ou encore la tour Hassan. Agadir, « la capitale du Souss », avec sa magnifique baie d’une longueur de 5 km et ses nombreux et luxueux complexes hôteliers. Fès, « la Mecque de l’occident », sa médina historique et sinueuse, ses riads, ainsi que son climat tempéré et accueillant.

Riad marocain

Sur ce même plan touristique, le Maroc dispose de 270000 lits (riads, maisons d’hôte, appart’hôtels, auberges…) et d’infrastructures suffisamment diversifiées pour permettre aux amateurs de football d’assister à cet évènement convoité, mais aussi pour héberger les staffs et joueurs des différentes fédérations. Faut-il rappeler le caractère stratégique et l’apport capital du secteur touristique dans l’économie marocaine, avec une participation de 8% à 10% du PIB du pays selon les années.

En termes d’animations, le Maroc a fait ses preuves avec l’organisation de festivals, sillonnant tout le territoire tout le long de l’année. Le festival de Gnawa d’Essaouira, le festival des musiques sacrées de Fès, le festival Mawazine de Rabat, regroupant tous les ans des stars internationales, les festivals de jazz de Casablanca et Tanger, « Jazzablanca » et « Tanjazz », sont autant de preuves de la capacité du Maroc à organiser des évènements de divertissement majeurs.

La nation au drapeau rouge et vert est également dotée d’infrastructures routières, ferroviaires et aériennes très denses. Le réseau routier marocain géré par le ministère de l’Équipement, du Transport et de la Logistique était long de 1770 km en 2016. Le réseau ferroviaire se fait se rejoindre les plus grandes villes du royaume, avec 2200 km de lignes à voie normale, mais aussi une Ligne à Grande Vitesse (LGV) reliant Rabat et Tanger en une durée record de 1h20. Enfin, le Maroc dispose d’un tissu dense de grands aéroports, au nombre de 14, et disséminés çà et là dans les plus grandes villes du pays.

Pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme et de la cyber-sécurité, le royaume chérifien a été placé dans la catégorie des pays à très faible menace terroriste, et classé récemment selon le Global Terrorism Index (GTI) comme le 83ème pays au rang mondial, les pays en tête de ce classement étant les plus menacés. En ce qui concerne la cyber-sécurité, les organisations marocaines sont conscientes dans leur très grande majorité du risque de cyberattaques, le cyber crime étant reconnu comme un des risques les plus susceptibles de frapper les organisations dans les 10 prochaines années. Ainsi, 84% des organisations marocaines ont mis au point un programme de cyber-sécurité, et cela concerne tout particulièrement les entreprises liées de près ou de loin à l’organisation d’une potentielle coupe du monde, notamment les interfaces de paiement. C’est dire si le Royaume du Maroc inspire la sérénité.

En ce qui concerne la météo qui n’est pas toujours clémente lors d’étés chauds au Maroc, il n’est pas exclu de pouvoir compter sur une climatisation des stades et des différents lieux de vie, comme cela a été le cas au Qatar, afin de faire face à d’éventuelles canicules.

L’avenir nous dira si la nation des Lions de l’Atlas pourra surfer sur le succès de ses poulains lors du mondial au Qatar, en hébergeant conjointement l’édition 2030 de la coupe du monde de football. Un désir d’organiser l’évènement qui a vu le jour il y a plus de trente ans et qui pourrait enfin être exaucé.