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Hafida Zizi, du tissage des tapis à la peinture

Hafida Zizi, l’artiste peintre d’art naïf et la sculptrice autodidacte a une histoire qui n’est pas comme les autres.

Issue d’une famille modeste venant du milieu rural, d’un village aux environs de Béni Mellal, plus précisément Aghbala où elle a grandi et vécu plusieurs souvenirs qui ont marqué son enfance.

Ces derniers sont considérés comme une source d’inspiration, faisant le sujet d’un ensemble de ses tableaux , des simples regroupements entre famille et voisins, des fêtes de mariage et baptême où elle était toujours présente en compagnie de sa mère représentaient pour elle une source de joie et une occasion de rencontre et d’échange entre les habitants de la petite communauté.

Les bénédictions naissent après de longues épreuves

Hafida Zizi au Ksar Ait Ben Haddou

Les femmes de mon village se rencontraient tantôt pour préparer la semoule du couscous, tantôt pour tisser les tapis ou teindre la laine, puis parfois pour une séance de thé et tout ce rituel était accompagné de chants berbères dont je me rappelle jusqu’à présent

Hafida Zizi
Hafida a commencé sa carrière à l’âge de 28 ans, un début assez tardif suite à la mort de sa mère , la personne qui l’avait initiée au tissage de tapis. D’où à travers cela, elle a découvert son amour envers les couleurs et la peinture.

Tableau de l’artiste montrant le rituel de préparation de semoule annuelle

Quels sont les évènements d’enfance qui vous ont marqué le plus et pourquoi ?

« j’ai grandi dans une famille dont je suis très fière qui se compose de 7 membres, mes parents, 4 frères et une sœur et j’ai vécu une très belle enfance au sein de cette famille où les principes de fraternité, d’amour , de respect et de compatie règnent .

Concernant la région où j’ai grandi( Aghbala), elle est connue par l’hospitalité de ces gens, leur bonté, leur simplicité et surtout par leur esprit de communauté et d’entraide.

Je n’oublierai jamais à titre d’exemple les séances de thé organisées chaque fois par l’une des femmes du village et bien souvent par ma mère chez nous à la maison, les journées de tissage des tapis que j’ai appris à tisser dès mon jeune âge, les préparations de grandes quantités de semoule du couscous annuellement.

Tout cela avec un rituel assez spécial accompagné de chants traditionnels chantés par les femmes présentes accompagnées de leurs enfants qui profitent de chaque occasion pour jouer et bien se divertir.

Mais l’évènement qui a bouleversé ma vie et qui m’a beaucoup touché du coté personnel et psychologique surtout était mon abandon scolaire à l’âge de 15ans, malgré le fait que j’étais une élève très brillante à cause de mon mariage précoce; cela a brisé toute sorte d’ambitions et d’objectifs que je rêvais de réaliser à travers mes études pour but d’améliorer mon niveau de vie « 

Tableau de Hafida Zizi montrant le rituel de mariage traditionnel de la région

Comment le décès de votre mère était derrière votre début dans le domaine artistique, qui se considère comme étant un peu tardif ?

« Mon début dans le domaine artistique a suivi l’évènement le plus triste de ma vie , la mort de ma mère à l’âge de 28 ans, ma mère était ma seule et unique amie, ma confidente , celle qui garde mes secrets et me conseille. Elle était ma sœur , ma meilleure amie et puis ma mère.

Son décès brusque m’a beaucoup touché, je ne m’y attendais pas et ce choc fort a laissé dans mon esprit une blessure qui ne guérira jamais, je n’ai pas pu accepter la nouvelle et comme je suis une personne très timide et introvertie qui n’a pas d’amies et c’était très tard pour moi de faire connaissance avec de nouvelles copines avec qui je pourrai partager mon chagrin.

Alors, j’ai pensé à parler à ma toile et lui raconter ce que je ressentais.

Tableau intitulé’ le câlin de la mère’

Alors c’est comme ça que j’ai commencé l’aventure, surtout que je n’avais pas de problèmes concernant le matériel ou la peinture car mon frère Rachid Zizi est un artiste peintre aussi et il avait déjà à cette période là son propre atelier, sachamt qu’il est lauréat de l’école supérieure des beaux arts de Casablanca.

La peinture est devenu donc mon refuge, une sorte de réconciliation avec mes rêves , une évasion et une forme d’ expression de mes idées .

L’art était aussi une manière de faire revivre tous les souvenirs que j’ai eu avec ma mère et les voisines »

Une séance de thé organisée par les voisines durant le tissage des tapis

Pourquoi considérez – vous la défunte artiste Chaïbia Talal comme votre exemple dans l’art naïf, qu’est ce qui la caractérise par rapport à d’autres artistes?

« La vedette Chaïbia Talal représente pour moi beaucoup de choses, c’est un grand exemple de force, de persévérance et d’ambition, sans citer son vécu et les épreuves difficiles qu’elle a eu, tout cela ne peut être qu’une grande source d’inspiration pour moi.

Si la défunte était une personne qui a vécu une vie normale, ayant une bonne éducation dans les bancs d’une école, elle m’aurait tant impactée puisque pour moi toutes les circonstances étaient en sa faveur ce qui n’était pas du tout le cas pour elle, cette artiste nommée Chaïbia a fait de ces épreuves une bénédiction.

Elle est passé par des épreuves beaucoup plus difficiles que les miennes mais malgré tout cela elle s’est battue et elle est réussi dans sa vie, donc c’est à travers elle que je me suis dite pourquoi pas faire de mon art quelque chose de bien pour moi, mon pays , ma communauté et surtout pour faire entendre la voix de la femme marocaine en générale puis la femme rurale amazigh plus précisément, tout en faisant connaitre notre diversité culturelle . “

L’entraide des habitants du village

Comment vous avez eu l’idée de participer au programme1000 Fikra avec votre projet ‘Tiwirga’ d’encadrement d’ateliers artistiques?

« Basé sur mon expérience dans le domaine d’art de la peinture et la sculpture , ensuite sachant que j’habite dans la région du Ksar historique Ait Ben Haddou qui connait beaucoup de demande touristique nationale et internationale.

Les gens me demandaient toujours de partager avec eux mon expérience artistique et mes connaissances et c’est comme ça que j’ai eu l’idée de mon projet.

J’ai entendu parlé du programme à travers Madame Loubna Mona, la présidente de l’association « notre langue est notre citoyenneté » qui m’a convoqué moi et 9 autres personnes pour déposer notre candidature et tenter notre chance.

L’une des expositions de l’artiste

Honnêtement je n’avais pas confiance en mon projet mais cette dame m’a convaincue à y participer en me promettant que je vais être acceptée et c’était vraiment le cas.

1000 Fikra a joué un grand rôle dans la légalisation de mon travail et le développement de mon projet puisque je suis passé de l’encadrement des ateliers artistiques seulement au niveau locale qui ne dépasse pas mon atelier, ce qui reste assez limité à la formation au sein des écoles privées non seulement à Ouarzazate mais partout au Maroc.

Sans oublier que j’ai pu signer des conventions avec des agences de voyage pour pouvoir inviter des groupes de touristes à ma maison d’art qui se trouve dans le cœur du Ksar , ce qui m’a fait gagné beaucoup plus de confiance en soi et en mon projet « 

L’un des ateliers artistiques de Hafida Zizi

Hafida Zizi ne suit plus juste un modèle traditionnel qui se caractérise par son authenticité mais aussi un modèle d’innovation qui suit les attentes du développement, à titre d’exemple la stratégie de marketing digital qu’elle adopte pour faire connaitre sa galerie d’art, ses tableaux et tout les autres articles qu’elle propose.

Aya Bhilat

My name is Aya Bhilat, an Ilcs student majoring in journalism and communication for my Bachelor's degree. I'm an editor in the school magazine and also a web editor on Dialna.net. I started writing when I was 13 years old by writing short articles about documentaries and TV programs that I used to watch by that time, and sometimes just for fun through expressing myself and talking about the topics that concerned me in that period(sports, international matters, culture, music and environment) One day I decided to share one of my articles with my dad and my philosophy teacher that was amazed with my writing style and gave me golden advice by telling me that I certainly should be a journalist in the future. 2 years after I graduated from high school, I finally followed my teenage dream and the passion that I enjoy doing. And today, I'm very glad and grateful that I belong to our family team and to share my articles with a larger audience.